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Le perroquet bleu - Rêve ta vie
1 février 2005

Les chasseurs de temps 1

Un petit retour en celtitude avec une  légende (en deux parties) rapportée par Jean Markale dans l’un de ses ouvrages « Contes et légendes des pays celtes »

A cette époque, dans le comté de Fife, il y avait un jeune seigneur du nom de Kenneth. Courageux, élégant et plein de finesse, il avait su conquérir l'estime de tous par sa noble conduite et sa grande bienveillance envers les pauvres. Il était tombé amoureux de la belle Rionna, une orpheline de bonne famille qui résidait en son château de Glendevon, juste au dessous des Ochil. Celle-ci l'aimait passionnément et ne pensait qu'au jour où tous deux pourraient enfin se marier.
La date du mariage fut fixée et la veille du mariage il s'en alla visiter sa fiancée à Glendevon pour lui annoncer la nouvelle. La joie envahit le coeur de la jeune fille et elle avoua que, depuis des semaines, elle se tenait prête. Kenneth lui dit qu'il reviendrait la chercher le lendemain matin pour l'emmener à Kinross où devait avoir lieu la cérémonie, au milieu d'une belle compagnie de jeunes seigneurs et de belles dames qui leur témoigneraient leur grande amitié.
La nuit commençait à s'épaissir et Kenneth ne pouvait se résoudre à quitter Riona. Mais il avait encore du chemin à faire pour regagner son propre logis. Il se décida enfin à partir, s'arrachant avec peine aux bras de Riona, et il monta sur son cheval qui piaffait d'impatience.Riona se tenait à la fenêtre, au dessus de la porte de son manoir. Elle se pencha pour profiter encore de la présence de celui qu'elle aimait.
-Doux ami dit-elle, il est temps pour toi de partir, mais je ne suis pas triste, car je sais que, demain matin, tu serras là à la première heure. je guetterai ton arrivée à cette même fenêtre.
-Sur ma foi, répondit le jeune homme, je serrai là dès les premières lueurs du jour, sois-en certaine.
-Oui je t'attendrai avec impatience, mon cher seigneur. Et s'il le fallait, je demeurerai à cette place pour te guetter jusqu'à ce que mes cheveux bruns qui te plaisent tant soient devenus crinière d'argent.
A cette évocation, le jeune homme éclata de rire.
-Belle amie! s'écria-t-il, point n'est besoin d'attendre si longtemps! nos amis seront prêts et nous ne pouvons les décevoir!
Sur ce, après un dernier signe de la main, le jeune homme éperonna son cheval, et celui-ci bondit, galopant dans la nuit qui devenait maintenant très dense. Kenneth connaissait Fort bien le chemin, car il l'avait parcouru bien souvent de jour comme de nuit. Mais il lui fallait chevaucher jusqu'à la minuit passée pour regagner son logis où il ne pourrait se reposer que fort peu de temps s'il voulait être fidèle à sa promesse. Cela ne l'inquiétait pas outre mesure, d'ailleurs, car son bonheur était tel qu'il se sentait capable de supporter toutes les fatigues pour l'amour de Riona.La lune n'était pas encore levée, mais la nuit était douce et une brise légère caressait le visage du jeune homme, toute parfumée des senteurs qu'exhalaient les nouvelles fleurs du printemps. Il chantait une vielle chanson du temps jadis, et son cheval bondissait allègrement sur le chemin, sautant par dessus les les taillis et les ruisseaux, quittant un vallon pour s'engager sur le flanc d'une colline et traversant un bois pour pénétrer dans une plaine.Il venait de quitter un bois sombre quant il entendit soudain, non loin de là, une éclatante fanfare de vénerie. Quelque peu surpris, il fit arrêter son cheval. Qui pouvait bien chasser ainsi à pareille heure dans une obscurité des plus complète? Il ne put résister au désir de savoir qu'elle était cette chasse et de la suivre, ne serait-ce qu'un certain temps. Ainsi n'aurait-il nul besoin de rentrer chez lui: il reviendrait directement à Glendevon pour retrouver sa fiancée.
A vive allure, il se dirigea vers l'endroit d'où provenait le son des trompes. bientôt, devant lui, la forêt s'illumina d'une lueur extraordinaire qui semblait venir du fond de la terre, comme si le reflet rougeoyant d'un foyer intérieur embrassait les sous-bois. Et, en approchant davantage, il aperçut, derrière les troncs des chênes, au milieu d'une vaste clairière, tout un équipage de chasse, dont les participants étaient vêtus de grands manteaux noirs. Celui qui paraissait leur chef était un vieux gentilhomme 
fort maigre, recouvert d'un manteau semblable. Dès qu'il vit Kenneth, il lui fit, du bout de sa cravache, un signe d'accueil très cordial bien que quelque peu protecteur. Ce gentilhomme montait, sans selle ni carapaçon, un superbe cheval tartare, d'un noir immaculé, dont les muscles frémissaient sous l'étrange lumière qui éclairait la clairière. Autour de lui, il y avait des valets de chiens qui retenaient avec effort une meute dont l'impatience était manifeste.
Fin de la première partie

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Commentaires
C
oh la la...la chevelure de la belle deviendra je le crains crinière d'argent...<br /> C'est passionnant!
M
Je sens que cela va mal finir....
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