Moucharabieh
Photo de Pierre Pallez photographe découvert sur le blog de Syldia
Elle m’observe. Je ne la vois pas mais je le sais, je le sens physiquement.
Je
ne la connais pas, je ne l’ai jamais vu pourtant chaque fois que je
passe sous cette fenêtre aux volets à peine entrouvert je l’imagine
telle une concubine guettant son amant à travers la grille du
moucharabieh. Le corps parfumé, détendu, oint de cette huile envoûtante
que les bateaux ramènent d’Alexandrie. La chevelure librement répandue
sur les épaules dénudées par une robe si légère qu’elle semble irréelle.
Le khôl enhardit le regard, ombre les paupières et fait ressortir les yeux emplis de voluptés.
J’inspecte
soigneusement le sol à chaque passage pour y découvrir un signe,
un message, un appel, et je poursuis mon chemin la tête emplie des
saveurs de l’Orient.
Oserai-je un jour lever les yeux pour l’entrevoir ?
Je ne sais pas, je ne crois pas.
J’ai bien trop peur de la perdre.